Les biologistes médicaux et l’incontournable médecine personnalisée
Par le Professeur Virginie Ferré
Les biologistes médicaux sont en première ligne dans un système de santé qui promeut, pour des raisons évidentes, une meilleure efficience de la prise en charge des patients. Les JIB 2019 seront l’occasion de repréciser le positionnement que peuvent avantageusement adopter les biologistes sur ce sujet crucial.
Une plus grande diffusion des technologies
« Cela fait maintenant plusieurs années que le dosage du médicament fait partie des prérogatives reconnues des biologistes médicaux même si cela reste encore trop confiné aux CHU d’expertise et aux laboratoires spécialisés », rappelle Virginie Ferré, Présidente du comité scientifique français des JIB 2019, virologue au CHU de Nantes et Professeur des Universités à l’UFR des Sciences pharmaceutiques et biologiques de l’Université de Nantes. De plus, les techniques afférentes, comme la spectrométrie de masse, sont assez lourdes en investissements et en compétences ingénierie et donc, de facto, là aussi réservées à des centres spécialisés et aux laboratoires de CHU. Désormais, la technologie tend vers davantage de simplification avec, notamment, une standardisation de la phase préanalytique et des algorithmes qui rendent plus aisés les interprétations. Ce qui explique qu’elle sera accessible à un panel plus large de laboratoires. Lesquels pourront s’organiser pour se doter d’automates, de surcroît moins volumineux, permettant de préconiser certains dosages, en particulier d’anti-cancéreux et d’immunosuppresseurs.
« La juste dose individuelle par patient »
Une évolution qui s’inscrit dans la nécessité d’adapter toujours mieux les prescriptions de chaque patient, ce qui implique un suivi au long cours auquel les biologistes médicaux ont vocation à participer pleinement. « Il est indispensable qu’ils prennent conscience qu’ils sont des acteurs de la médecine personnalisée, en particulier les jeunes qui embrassent la profession, insiste le Professeur Ferré. Il est important qu’ils ne délaissent pas cet aspect-là car c’est une voie importante pour l’avenir ».
La participation du biologiste au suivi des patients intervient, tout d’abord, au début de la prise en charge, pour savoir si les médicaments sont adaptés, notamment au regard de marqueurs génétiques (examen préthérapeutique). Puis, elle se poursuit dans le cadre du traitement lui-même en surveillant, sur le plan biologique, les dosages de molécules afin de moduler, si nécessaire, la prescription pour majorer son efficience et limiter les éventuels effets toxiques.
En somme, « il s’agit d’éviter les prescriptions de doses souvent conséquentes mais pas forcément adaptées. Ce qui est recherché dans la médecine personnalisée, c’est la juste dose individuelle par patient », résume la Présidente du comité scientifique français des JIB 2019. Avec, à la clef, la nécessité, pour le biologiste, d’être plus que jamais en lien direct avec ses patients pour leur expliciter et leur décrypter les choses, et ainsi contribuer à une meilleur observance des traitements. « Là, il est en plein dans son rôle clinico-biologique ».
Une coordination et des échanges accrus
Tout cela induit une coordination et des échanges accrus entre les biologistes médicaux, les médecins traitants et/ou spécialistes, les pharmaciens, les futures Infirmières de pratique avancée (IPA) etc. Le tout dans le cadre des parcours de soins dont les biologistes médicaux sont des maillons forts. Dans cette optique, des renouvellements de traitement pourraient ainsi avoir lieu sans forcément avoir besoin d’une nouvelle consultation médicale. « Cela implique également la mise en place de réseaux qui incluent, par exemple, les centres anti-cancéreux, les cliniques d’oncologie, les CHU, les laboratoires de proximité, les médecins de ville etc., Certains réseaux existent déjà, un peu sur le modèle de ce qui se fait avec les centres de greffe, et sont simplement susceptibles d’être étoffés, voire intégrés dans des structures comme les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) même si, pour l’instant, cela n’est pas encore très aisé. » La direction est toutefois clairement tracée.
Le Professeur Jean-Michel Halimi est néphrologue, Chef de service au CHU de Tours. Il travaille étroitement avec les biologistes médicaux hospitaliers et libéraux dans le cadre du dépistage et du suivi des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC). Pour lui, l’innovation en biologie doit autant favoriser le dialogue entre le biologiste et le médecin que des rendus de résultats qui améliorent la fiabilité du diagnostic.
Le dépistage et la prise en charge des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC) feront l’objet de deux rendez-vous lors du Congrès :
- L’un s’interrogera sur le fait de savoir si la créatinine plasmatique sera encore le gold standard demain ?
- Le second permettra de découvrir les dispositifs mis sur pied par les URPS de biologistes Centre-Val de Loire et PACA avec les médecins pour optimiser le dépistage et le suivi de l’IRC.