Antibiorésistance : les biologistes médicaux en première ligne
Les biologistes médicaux et leurs laboratoires, qu’ils soient hospitaliers ou privés, ont plus que jamais vocation à participer à la maîtrise de l’antibiorésistance sur l’ensemble du territoire. Les JIB 2019 consacreront une série des conférences à ce sujet d’une importance capitale pour la santé publique. L’occasion de revenir et de préciser le rôle et les missions des biologistes médicaux.
L’antibiorésistance est en train de devenir un problème de santé publique majeur. Elle requiert la mobilisation de tous les acteurs du système de santé susceptibles d’agir pour lutter contre ce phénomène en plein essor plus seulement en milieu hospitalier mais aussi en médecine de ville. C’est pourquoi des biologistes médicaux participent à des réseaux de surveillance et collectent les informations relatives aux résistances, en l’occurrence sur la base des rendus d’antibiogrammes. Ce travail précieux de longue haleine permet de constituer un panorama national de l’évolution des résistances des germes.
« Plus seulement l’apanage des laboratoires hospitaliers de pointe »
« L’antibiorésistance n’est plus seulement l’apanage des laboratoires hospitaliers de pointe, rappelle le Professeur Virginie Ferré, Présidente du comité scientifique français des JIB 2019, virologue au CHU de Nantes et Professeur des Universités à l’UFR des Sciences pharmaceutiques et biologiques de l’Université de Nantes. C’est désormais un problème communautaire, si l’on peut dire, dans la mesure où les patients des laboratoires de ville présentent des cas d’antibiorésistance alors qu’ils sont l’objet d’infections banales. »
D’où la pertinence de faire cause commune : « L’intérêt des réseaux de surveillance de laboratoires de ville comme hospitaliers est de voir ces résistances répertoriées au niveau national et donc, pour ce faire, de recueillir des données. Il s’agit là davantage d’un travail collaboratif que d’innovations technologiques proprement dites. »
Les laboratoires ont donc un rôle de vigie et sont, ici, valorisés en étant pleinement partie prenante de ce recueil, notamment par le biais d’outils déployés par Santé publique France et qui seront présentés lors des prochaines JIB.
« Prescrire le bon antibiotique au bon moment et pour la bonne durée »
Leur apport est d’autant plus utile que certaines résistances, favorisées par des prescriptions inadaptées, sont réversibles dans le temps, à condition de diminuer la pression de sélection de ces antibiotiques, Or, pour parvenir à cette réversion de sensibilité, il est indispensable de disposer, en amont, de données suffisamment exhaustives (transmises aux sociétés savantes auxquelles adhèrent les réseaux de LBM, N.D.L.R.) afin de favoriser les bonnes pratiques de prescription d’antibiotiques.
« Les biologistes médicaux doivent tous être à même de faire du conseil en matière d’antibiorésistance afin que les prescripteurs limitent leurs prescriptions d’antibiotiques ou, du moins, les adaptent au mieux à la pathologie, insiste le Professeur Ferré. Les biologistes référents en bactériologie, en particulier, sont souvent amenés à aider leurs confrères médecins à prescrire le bon antibiotique au bon moment et pour la bonne durée. »
Le Professeur Jean-Michel Halimi est néphrologue, Chef de service au CHU de Tours. Il travaille étroitement avec les biologistes médicaux hospitaliers et libéraux dans le cadre du dépistage et du suivi des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC). Pour lui, l’innovation en biologie doit autant favoriser le dialogue entre le biologiste et le médecin que des rendus de résultats qui améliorent la fiabilité du diagnostic.
Le dépistage et la prise en charge des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC) feront l’objet de deux rendez-vous lors du Congrès :
- L’un s’interrogera sur le fait de savoir si la créatinine plasmatique sera encore le gold standard demain ?
- Le second permettra de découvrir les dispositifs mis sur pied par les URPS de biologistes Centre-Val de Loire et PACA avec les médecins pour optimiser le dépistage et le suivi de l’IRC.