La e-cardiologie se dévoile aux JIB 2020
Lors de la conférence sur les bénéfices de la révolution digitale en cardiologie, le Pr Damien Gruson*, chef du service de biochimie médicale des cliniques universitaires de Saint-Luc (Bruxelles) portera la focale sur les impacts des nouvelles technologies sur les trajets de soins intégrés et le rôle du biologiste.
En quoi la révolution digitale, le big data ou encore l’intelligence artificielle transforment-ils les trajets de soins, la biologie et ses acteurs ?
Le trajet de soins organise et coordonne la prise en charge, le traitement et le suivi d’un patient avec une maladie chronique. Il s’appuie sur une collaboration entre le patient, un médecin généraliste et un spécialiste. L’avènement du digital interroge la manière dont l’innovation intervient dans la prise en charge de la maladie chronique cardiovasculaire, dans le dépistage ou encore son suivi.
Comment les systèmes de mesure portable ou les censeurs peuvent-ils faciliter un dépistage en ambulatoire ou à domicile ? Comment l’intelligence artificielle qui intègre des données cliniques et biologiques peut-elle permettre d’optimiser un diagnostic ou d’évaluer un sujet plus à risque et de faire les ajustements thérapeutiques nécessaires ? Le biologiste est un accompagnateur et un garant de la fiabilité de ces nouvelles technologies, et de leur insertion dans le trajet de soins actuels, le tout en concertation avec les équipes de cardiologie et la médecine générale.
Qu’entendez-vous par « garant de la fiabilité des nouvelles technologies » ?
Qu’il s’agisse de santé mobile, d’outils de mesure portables ou encore d’intelligence artificielle, il faut qu’il y ait une validation et une garantie humaine sur la fiabilité technique et clinique d’une part mais aussi sur les performances économiques. Il est nécessaire de valider l’impact sur la qualité de vie du patient et l’optimisation de sa prise en charge. L’évolution technologique nécessite également une évolution des critères de jugement d’efficacité. Nous sommes dans une évaluation multidimensionnelle. Les critères de cette évaluation doivent être partagés par tous les acteurs du trajet de soins.
Vous dites également que le biologiste a un rôle d’accompagnateur…
Il a un rôle central dans le diagnostic biologique puisqu’il contribue largement à la décision médicale. Mais il a aussi un rôle de consultant du clinicien dans le choix d’une nouvelle technologie, d’un nouveau marqueur, d’un nouvel outil diagnostic. L’accompagnement se fait également auprès du patient qui peut être amené à s’interroger sur l’intérêt des tests et des technologies de laboratoires. Prenons l’exemple du diabète et des capteurs de glycémie. Avec l’automesure, les patients sont de plus en plus impliqués. De ce fait, ils ont des questions sur la fiabilité des instruments, sur la manière de faire des mesures de contrôle dans le laboratoire central.
Cet accompagnement du patient signe une évolution pour la profession. Et d’une certaine manière, la crise liée à la Covid-19 a été un accélérateur de la visibilité des biologistes auprès du public d’une part, et de la transition technologique d’autre part, avec le recours à la télémédecine, au monitoring, etc.
*Le Professeur Damien Gruson est membre de l’unité de recherche sur l’endocrinologie, le diabète et la nutrition de l’Université catholique de Louvain. Il fait partie de la division des technologies émergentes de la Fédération internationale de chimie clinique et de médecine de laboratoire. Enfin, il est également membre de la Société européenne de cardiologie.
Le Professeur Jean-Michel Halimi est néphrologue, Chef de service au CHU de Tours. Il travaille étroitement avec les biologistes médicaux hospitaliers et libéraux dans le cadre du dépistage et du suivi des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC). Pour lui, l’innovation en biologie doit autant favoriser le dialogue entre le biologiste et le médecin que des rendus de résultats qui améliorent la fiabilité du diagnostic.
Le dépistage et la prise en charge des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC) feront l’objet de deux rendez-vous lors du Congrès :
- L’un s’interrogera sur le fait de savoir si la créatinine plasmatique sera encore le gold standard demain ?
- Le second permettra de découvrir les dispositifs mis sur pied par les URPS de biologistes Centre-Val de Loire et PACA avec les médecins pour optimiser le dépistage et le suivi de l’IRC.